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Rencontre avec Lorène Plé

Artiste du programme émergence d'Ambivalences

#Résidence

Dans le cadre de l’accompagnement à la professionnalisation d’artistes émergent·es issu·es des écoles d’art du territoire du programme Ambivalences, nous avons rencontré les différent·es lauréat·es du parcours : Jingqi Yuan, Lorène Plé et Lukas Persyn.

Les interviews de Jingqi Yuan et Lukas Persyn seront à retrouver sur stereolux.org et electroni-k.org .

Ton parcours :

– Peux-tu te présenter, puis caractériser ta pratique artistique en quelques mots-clés ?
Je m’appelle Lorène Plé, artiste plasticienne dans les arts visuels et sonores, diplômée des Beaux-Arts de Caen en 2020. Ma pratique s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire, à la croisée des arts, des sciences et des techniques. À travers des dispositifs sensibles, je développe une recherche empirique autour de la perception, du paysage et de la lumière, en croisant outils numériques, gestes graphiques et matériaux issus du réel. Mon approche, intuitive et expérimentale, associe observation, dérive et fiction pour interroger la manière dont nous percevons et fabriquons nos environnements.

– Quels questionnements, thématiques et/ou phénomènes t’animent ?
J’interroge les liens entre matière, lumière, mémoire et imagination, en explorant leurs interactions dans la construction de notre perception du réel. À travers des dispositifs sensibles et hybrides, je tente de faire émerger des dynamiques souvent imperceptibles, où l’observation dialogue avec la fiction. Mon travail met en tension l’organique et le technologique, en façonnant des formes où se tissent mémoire terrestre et langages visuels.

– Quelles sont tes inspirations ?
Je puise dans des domaines comme l’archéologie, la géographie, l’informatique ou la science optique. J’aime les formes en tension, entre planéité et volume, les langages dérivés, les dioramas, les maquettes, les illusions optiques. Des artistes comme Pierre Huygue, Pierrick Sorin, Chris Watson, nourrissent ma pensée. Je m’inspire aussi de schémas mentaux, de cartes, de systèmes DIY ou d’expérimentations intuitives.

– Peux-tu nous raconter un moment marquant ou un déclic dans ton parcours artistique ?
Un moment déterminant dans mon parcours artistique correspond à la période du premier confinement, survenue en dernière année dans mon cursus aux Beaux-Arts de Caen. Privée de l’accès aux ateliers, des délais habituels et du rythme institutionnel, il a été nécessaire de repenser ses méthodologies. Cette situation a ouvert un tournant décisif : j’ai commencé à développer une approche plus autonome et empirique, en m’appuyant davantage sur des systèmes D, des logiques de fabrication artisanales et des formats hybrides. Cette période a marqué l’émergence d’une pratique plus transversale, où l’observation, la contrainte et la recherche de solutions techniques se sont intégrées comme des éléments moteurs de création. Plus récemment, ma participation au programme de la Millenial Academy a marqué une nouvelle étape en me permettant de réinvestir une dynamique de groupe et de création collective. Longtemps attachée à une pratique solitaire, j’ai pu, dans ce cadre, expérimenter d’autres formes de collaboration et redécouvrir la richesse des échanges artistiques au sein d’un collectif.

– Est-ce que tu as eu des collaborations marquantes ?
Oui, notamment une collaboration avec Nicolas Germain, artiste sonore et enseignant, avec qui j’ai travaillé sur des techniques de visualisation sonore telles que le sonogramme, ainsi qu’autour du field recording, du sampling et de la synthèse sonore. Ce travail a nourri une approche attentive à l’écoute, à la spatialisation et à l’écriture du son. Par ailleurs, je collabore avec Peter Bannier, musicien et développeur, sur Segment, une performance en live coding. Ces échanges m’amènent à explorer la programmation comme un médium poétique et performatif. D’autres liens importants se tissent également avec des artistes issues du programme de la Millenial Academy.

– Peux-tu nous décrire un projet que tu considères comme emblématique ?
Un projet emblématique de mon parcours est la fabrication d’un four solaire, détourné en projecteur à réfraction. Ce dispositif artisanal, conçu à partir de matériaux simples, a marqué un point de bascule dans ma pratique : il a initié mes recherches autour de la lumière, tout en posant les bases d’une réflexion plus large sur les interactions entre énergie, matière et perception.

– Comment la création en environnement numérique enrichit-elle ton propos ?
Elle me permet d’étendre mes recherches à des formes dynamiques, fragmentées, invisibles. Le numérique agit dans ma pratique comme un prolongement du geste graphique, un outil d’observation autant que de fiction, permettant de fabriquer des images qui échappent à la fixité. Il me donne aussi la possibilité de concevoir mes propres dispositifs de captation ou de projection.

– Qu’aimerais-tu susciter chez les publics ?
J’aimerais ouvrir un espace d’attention fine, de perception élargie ou détournée. Offrir des situations sensibles, parfois fragiles, qui invitent à s’interroger sur ce que l’on voit, ce que l’on croit voir ou percevoir. Des formes contemplatives, à la fois concrètes et fictives, où chacun peut projeter une narration personnelle.

Et après ?

– Quelles sont tes actualités ou projets à venir ?
Je suis actuellement en train d’achever le programme de la Millenial Academy, avec plusieurs formes de restitutions prévues. Une exposition collective sera visible à l’Artothèque de Caen de juin à septembre 2025, et une restitution sous forme de performances aura lieu au Théâtre des Cordes le 25 septembre 2025. Je présenterai Segment, performance sonore de live coding, en décembre 2025 et Polivision, une installation sonore et lumineuse, en mai 2026 dans le cadre du Festival Interstice.

🔗 Retrouvez son travail : loreneple.com

GALERIE

L'ARTISTE

À travers une expression multi-technique, Lorène Plé mène une recherche transdisciplinaire axée sur des phénomènes sensitifs. Inspiré par des images mentales et des événements perceptifs, ce travail interroge des formes et des techniques, explorant des expériences sensorielles.

Cette recherche aspire à fusionner des dimensions plastiques et esthétiques en interrogeant et croisant divers domaines d’études tels que l’archéologie, l’informatique, l’électronique ou encore la géographie. À l’échelle de ses connaissances et par des moyens humains, Lorène Plé explore ces concepts de manière dérivée, progressant empiriquement, suivant des chemins transversaux.

Ce travail vise la création d’outils, appréhendés comme des dispositifs d’écoute et de visualisation, afin d’explorer de nouvelles modalités de perception: une pratique qui s’organise sur les dérives d’une recherche auto nourrie par la rêverie et le potentiel du réel. Écosystème, paysage et interconnections sont réfléchis dans cette recherche par différents moyens réunissant fictions et apprentissage de mécaniques réelles.

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